samedi 28 février 2015

Depuis sa création le FN n’a jamais régressé. Si en 1974, Jean Marie peinait avec ses 0.74% de scrutins, en 2015 sa fille flirt avec les 30% d’intention de vote (sondage Marianne). Chaque aléa donnant un peu plus de crédit au parti. La crise économique ? La faute au libéralisme. La crise sociale ? La faute aux entreprises et à l’incompétence du gouvernement. Les attentats contre Charlie Hebdo ? Pas besoin de se prononcer les 32% d’intention de vote (+5points) parlent d’eux même. Et si l’actualité donne souvent raison au FN c’est que ses valeurs se nourrissent de l’imaginaire collectif.


Il était une foi...

(pour ce petit récap' deux options: lire le paragraphe ci-dessous ou visionner la vidéo Quand Marine sera présidente)


En 1983 Mitterrand (socialiste) cherche une façon de diviser la droite pour gagner les élections présidentielles de 1986. Le Front National très virulent, devient alors « le diable de la République ». Le Président lui ouvre les médias pour donner davantage de crédit au parti. L’année suivante Mitterrand va plus loin. Voyant que la droite est estimée vainqueur des législatives de 1986 il décide de changer le mode de scrutin et introduit la proportionnelle.

De son côté SOS Racisme met le feu aux poudres. Par le biais d’Harlem Desir l’association va utiliser les thèmes du FN pour décrédibiliser l’extrême droite et ramener les jeunes vers le Président. La stratégie marche, la « Génération Mitterrand » est née.
Grâce à la proportionnelle. Le FN passe de 0.75% des voix à 14.38% au premier tour de 1988 (ce système de vote est ensuite abandonné la même année pour revenir au scrutin majoritaire).

Chirac (droite) comprend alors que s’il veut remplacer Mitterrand il aura besoin des 4 375 000 de voix de Lepen. Il tentera une approche infructueuse avec le leader FN en 1986. Le 1er Ministre n’acceptant aucune concession en échange des voix du FN. Il ne cédera ni à la proposition d’alliance de Jean Marie ni à sa politique d’immigration… Au grand damne de Raymon Barre, Valery Giscard, Charles Pasqua et Edouard Balladur qui voulaient séduire leurs électeurs en prônant le « pas d’ennemis à droite ». C’est ainsi que pour les présidentielles de 1988, Jean Marie n’appellera à voter ni pour Chirac ni pour Mitterrand.

En 1995, c'est l'ouverture des frontières, le FN conquiert 125 000 voix de plus qu’en 1988. Les réfractaires aux accords de Schengen rejoignent alors l’extrême droite.
L’ascension du FN est telle que les autres partis reprennent les thèmes de prédilections de Papi Lepen : le patriotisme étant le dada de Ségolene et Sarkozy. D’ailleurs des affinités se créent. Si Le Pen disait qu’on ne choisit pas entre "le pire et le mauvais" en parlant de Mitterrand et Chirac. "Monsieur Sarkozy est [en revanche, ndlr] quelqu'un avec qui l'on peut parler".

D’apaisement en dédiabolisation, le FN finit par obtenir 16.86% des suffrages de 2002. Jean Marie et Jacques se retrouvent ensemble au deuxième tour. Le Président sortant profite de la panique populaire pour lancer un appel. « L’union nationale » fait grimper ses voix jusqu’à 82%. Tandis que Le Pen conserve ses 17,9%. C’est le premier recul du FN depuis 1974.

Pour le père Le Pen, plus alléché par l’odeur de l’argent que par celle du pouvoir, la défaite n’est pas si grave. Mais sa fille ne l’entend pas de cette oreille. En 2007, Marine reprend les rennes du parti. Elle l’adapte à l’époque, plus de chauvinisme, plus de provocations, l’idéologie s’assouplie. Et ce modernisme lui fait gagner en popularité. Si bien, qu’on envisage la présence de Marine au 2nd tour des présidentielles de 2017.

Un programme qui promet quelques bleus marines

Mais le programme politique du FN est-il réalisable ? Sur le site du parti on peut voire que Marine souhaiterait se désolidariser des firmes et multiplier les PME pour lutter contre le chômage, la création d’emplois annihilerait ainsi l’insécurité. En parallèle, elle « remettra en cause » les accords européens pour récupérer la suprématie nationale (notamment en ce qui concerne le retour à la monnaie nationale et le rejet des accords de Schengen). Ces manœuvres sont possibles mais ne sont pas sans contraintes. Fermer les frontières et renoncer au libre échange pour créer un vaste réseau de PME c’est augmenter le coût de production puisque la main d’œuvre Française est plus chère que celle de Roumanie ou de Chine. Le pouvoir d’achat va donc baisser et créer l’inflation. En plus d’être chère la production sera limitée puisque la France ne peut pas produire les mêmes quantités que l’Europe ou le monde. Donc c’est risquer la pénurie. En d’autres termes « le protectionnisme de Marine fabriquera beaucoup de travailleurs mais des travailleurs pauvres puisque leurs niveaux de vie aura baissé. A l’inverse, la mondialisation empêche la pénurie et même si elle augmente le taux de chômage les produits sont à des prix très compétitifs. » Thomas Guénolé, politologue.

A la différence de son père qui se servait des vérités brutes et dérangeantes pour révéler la médiocrité de la droite et de la gauche, Marine fait coup double en se servant de l’imaginaire collectif pour enrober sa politique xénophobe par des faux semblants d’antilibéralisme. Et ça marche, puisqu’en 2012 la patronne obtient 25% aux élections européennes, le chiffre estimé de son prochain score aux présidentielles de 2017. Rien ne semble arrêter le FN, peu importe que son programme soit bancal, incohérent et démago. « Ce parti a ceci d’original qu’il vit et croît des médiocrités de tous les autres, et plus généralement de la perversité de notre système politique malade de la dictature institutionnelle des partis. » (Extrait de l’article politique magazine, Pourquoi le FN fait-il peur ?) Et c’est vers les jeunes et l’électorat de droite radicalisé que les frontistes trouvent leur public.

Des libéralistes aux nationalistes: encore et toujours du fist...

Comme tous les partis politiques, l’extrême droite a la crédibilité qu’on veut bien lui donner. Mais il ne faut pas le comparer avec son ancêtre fasciste et néonazie d’il y a 70 ans. Comme nous le rappelle notre politologue, « Marine ne veut pas créer une dictature, elle cherche à instaurer un protectionnisme mêlé de souverainisme et de colbertisme ». Comme définit par le Larousse, le fascisme est un courant autoritaire inspiré du régime italien de Mussolini : un Etat totalitaire, militaire régit par un parti unique. Au vue de ses discours, le FN paraît alors plus nationaliste (prédominance de l’intérêt national par rapport à l’intérêt individuel, définition Larousse) que fasciste. De toute manière, il serait aujourd’hui très improbable qu’une nation bascule dans la dictature. Déjà parce que le souvenir populaire de la guerre reste trop fort pour que l’opinion publique accompagne une idéologie xénophobe. D’autre part, il faut savoir qu’à la sortie de la guerre les accords internationaux ont dissous la suprématie étatique en dispersant les institutions politiques, économiques et juridiques aux quatre coins de l’Europe, justement pour empêcher la formation de régime totalitaire. Cependant, comme nous le rappelle notre politologue, le Super-Etat Européen est une légende trop largement rependue, chaque Etat membre de l’Europe peut en sortir, gelant ainsi le pouvoir décisionnaire des institutions qui ont déjà bien du mal à se mettre d’accord sur des désaccords. Il est donc possible de quitter l’Europe pour récupérer son souverainisme et établir un régime dictatorial. Mais qu’on se rassure, cette voix ne semble pas être celle du FN de Marine Le Pen… pour le moment.

Il est aussi intéressant de constater que l’ascension de l’extrême droite se fait sans le consentement des autres familles politiques. La diabolisation qui agissait autrefois comme le point Godwin de la politique et qui permettait à n’importe quel candidat de remporter les faveurs de l’opinion publique, pourvu qu’il en appel au « blocage Républicain » ne prend plus. Et ce depuis Nicolas Sarkozy qui a donné une vraie place à l’extrême droite dans le paysage politique Français. Sous les recommandations de son conseiller Patrick Buisson, Nicolas a adapté les discours sécuritaires et patriotiques du parti frontiste, pour récupérer les électeurs de « la France profonde ». Ce qui pouvait passer pour une bonne stratégie sur le court terme s’est révélé être un véritable fiasco pour l’UMP sur le long terme. Comme l’a dit Marine Le Pen sur RTL en juin 2012 [Patrick Buisson] "a contribué à décomplexer une grande partie de l'électorat UMP qui en réalité pense la même chose que nous mais n'osait pas encore le dire. Voilà, c'est un fait et c'est une avancée, c'est incontestable". Donc, non seulement le FN s’est élevé au niveau des partis traditionnels grâce à la droite mais en plus l’UMP a implosé dès suite de nombreux scandales financiers et autres duels de successions. A croire que le génie de Mitterrand n’a d’égal que la bêtise de Sarko.


Parti démocratique pas très républicain ?

Aujourd’hui on peut dire que la place du FN dans le paysage politique est démocratique puisque le parti pèse quasiment autant que ses concurrents, ce qui n’a jamais été le cas auparavant. Peut-on pour autant considérer le FN comme un parti Républicain ? Tout dépend duquel on parle. La modernisation de l’extrême droite par Marine Le Pen fait que le parti est clairement scindé en deux. Si l’on parle de l’idéologie Lepeniste du père qui suggère qu’il y aurait des castes dans la population et donc qu’il y aurait des citoyens supérieurs à d’autres on est dans l’antithèse de l’esprit Républicain. A l’inverse la politique de la fille qui occulte les différences raciales avec le rejet de l’Europe et le retour au souverainisme de la France s’inscrit dans les valeurs de la République. C’est subtil mais ça fait la différence.

Ce courant moderne revendiquait par Marine Le Pen a su s’adapter aux idéaux du Français moyen. Il prend le nom de Philippisme, (du nom du vice président du Front National, Florian Philippot). Marine s’inspire clairement de l’idéologie de son conseiller pour réformer son parti. De ce point de vue, le philippisme est un parti républicain même s’il conserve des tendances xénophobes (à la différence du Lepenisme les étrangers ne sont pas des citoyens inférieurs mais ils seraient mieux chez eux, c’est subtil mais là encore, ça fait la différence).

Alors comment le FN remporterait-il les présidentielles de 2017 ? Deux éléments : 1/ Il faudrait que Marine affronte un candidat représentant la déception des Français (Hollande (22% de satisfaction) ou Sarkozy (28%) par exemple). Un duel Marine/Juppé serait plus difficile étant donné la côte de popularité du maire de Bordeaux (51% contre 39% pour Marine). 

2/ Il faut que la Présidente du FN arrive à assouplir suffisamment ce que les électeurs lui reprochent : ses valeurs xénophobes et réactionnaires.

Marine Présidente c'est donc loin d'être improbable, mais si après lecture de cet article vous ne savez pas quoi penser du Front National. Alors faite comme moi procurez vous un passeport...


Xenora


Sources:

jeudi 19 février 2015

par la Rédaction en    Pas de commentaire
Avec 32% d'intention de vote le FN a de fortes chances d'arriver au second tour des Présidentielles de 2017. Et si Marine gagnait le match que son père avait perdu en 2002? Que serait un quinquénat sous son mandat? Un régime frontiste serait-il une menace pour la Démocratie? Ou bien notre peur de l'extrême droite est-elle irrationnelle? Alors, réplique du IIIème Reich ou idéologie inapplicable, Bête & Méchant à mené l'enquête au travers du premier volet de "Un quinquénat sous le FN"...






                                          https://www.youtube.com/watch?v=66UozurliIk

vendredi 6 février 2015

Nathalie kosciusko-morizet, Anne Hidalgo, Jérôme Cahuzac, Nicolas Sarkozy ou encore Marine Lepen, il y en a du gratin nominé au grand « Prix du menteur en politique » 2014. Thomas Guénolé, politologue et auteur du « Petit guide du mensonge en politique » (Ed.First), présidera la cérémonie, il nous révèle les origines de ce projet, une occasion pour nous de lui demander d’évaluer notre démocratie. Nous avons confronté ses réponses à celles de notre expert Bête & Méchant…


B&M : C’est quoi le prix du Menteur en politique ?

T.G : L’idée m’est venue le mois dernier en regardant des sites de « fact-checking » (sites d’information qui prend son origine dans les déclarations d’élus). Je me suis dis que ce serait bien de faire un prix du menteur en politique. Je voulais que ce soit ludique et sérieux en même temps. Par ce prix on voudrait inciter la classe politique à moins mentir mais aussi encourager les journalistes et les citoyens à bien vérifier les déclarations qu’ils entendent.


B&M : Comment l’édition 2014 s’est déroulée ?

T.G :J’ai rassemblé des journalistes spécialisés et l’entente a été immédiate. On a tous choisis trois nominés et je suis très satisfait de la liste finale. Le 8 janvier on remettra son prix au lauréat et trois prix spéciaux seront décernés. Un à Jérôme Cahuzac pour « l’ensemble de son œuvre », le prix du « jeune espoir » sera remit  à Guillaume Pelletier et le prix « un certain regard » récompensera Jean Pierre Jouyet qui a réalisé une première en démentant un démenti.


B&M : Avez-vous une préférence pour un nominé ?

T.G : J’ai une préférence mais je ne peux pas vous la révéler. Je ne voudrais pas influencer le vote par ma décision. Ce que je peux dire, c’est que l’absence de François Hollande a suscité l’interrogation sur les réseaux sociaux. Mais pour moi c’est un menteur antécédent à 2014. Je ne peux que lui reprocher d’avoir menti lors de son discours au Bourget en 2012. Lorsqu’il avait affirmé que « mon véritable ennemi c’est le monde de la finance » et d’avoir assuré pouvoir redresser la courbe du chômage en deux ans. Mais pas de crainte, il aura bien le temps de se rattraper pour le prix 2015.

Avis de notre expert Bête & Méchant :

Un bon nombre de promesses n’ont pas été tenues par François Hollande : Les 75% d’imposition dès 1 million de revenu mensuel, la réforme de l’immunité présidentielle visant à condamner les crimes et délits du chef de l’Etat ou encore sur le pacte budgétaire européen censé être renégocié. Sur le plan juridique, le traité soumis au parlement est quasiment le même que celui adopté sous Sarkozy. A l’exception d’une aide européenne de 120 milliards d’euros devant être remboursée en 3 ans et qui n’a visiblement, pas suffit à relancer la croissance. François Hollande a donc menti à la fin de ce délai soit en 2014.


B&M : Les scandales sont de plus en plus récurrents. Est-ce que les politiciens mentent plus ?

T.G : Les mensonges des politiques ne sont pas plus nombreux, c’est le travail des journalistes qui est plus approfondi. La mise en lumière des scandales politiques est une vraie tendance. Le prix du menteur veut servir cette volonté d’informer. Car dans une démocratie, l’information est d’utilité publique.


B&M : En 1930, J.M Keynes qualifiait la France de «seule nation du monde dans laquelle les hommes d'Etat n'ont pas commencés par dire la vérité à leurs compatriotes », est-ce que la France est un cas unique ?

T.G : La France n’a pas le monopole du mensonge. Je dirais même que les mensonges sont inhérents à l’évolution de la société, je m’explique : Il est de coutume de dire que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Si on savait toutes les décisions qui sont prises par nos élus on finirait par s’entretuer (ou à tuer nos élus, ndlr). Le problème c’est la finalité et le degré du mensonge. Car ils servent plus les intérêts privés que le bien commun.

Avis de notre expert Bête & Méchant :

Il est certain que les secrets d’Etat ne nous serons jamais révélés si le gouvernement ne le désire pas. Les révélations ne concernent pas des mensonges géopolitiques, se sont toujours des abus d’ordre personnel (sexe, compte bancaire). Ces scandales sont lamentables d’autant plus qu’ils donnent naissance à des polémiques inutiles qui dissimulent des réalités bien plus graves. A titre d’exemple, le mariage pour tous a alimenté les clivages sociaux alors que la priorité c’était la sortie de la crise économique. L’affaire DSK, la laïcité, le terrorisme… Il y a comme une surenchère de la polémique pour gagner l’électorat.


B&M : Les mensonges rendent-ils la politique médiocre ?


T.G : Les élus ne sont pas plus menteurs que les citoyens mais on exige d’eux qu’ils soient des héros de la République. Leurs écarts sont inacceptables d’autant plus que leurs conséquences sont plus graves (on estime à 663 millions d’euros fraudés au Pôle emploi et à la sécurité sociale contre 3.66 Milliard pour la fraude fiscale, ndlr). La politique ne devient pas plus médiocre se sont nos exigences qui sont de plus en plus fortes. La transparence médiatique a fait qu’on s’est rapproché de nos élus. Ils sont plus exigeants parce qu’on est plus exigeant avec eux. C’est tout l’inverse de la médiocrité.

Avis de notre expert Bête & Méchant :

Je pense que si nous voulons des citoyens impliqués et patriotes, il faut que notre politique soit exemplaire. Dans le cas inverse, lorsque les élus ne respectent pas les engagements qui leurs ont servit à être élu alors on peut considérer que le vote ne sert à rien. Dans une démocratie, le peuple est souverain. Si les représentants se soustraient à leurs devoirs, alors ils violent la Démocratie, celle-ci n'est alors ni plus ni moins qu'un semblant de dictature.


B&M : Reste t-il une conviction politique chez les électeurs malgré les promesses non tenues ?

T.G : Il y a une conviction chez les Français mais ce n’est plus la même qu’autrefois. Individualiste, l’électeur d’aujourd’hui se forme à la politique par la télé. Chacun choisissant sa chaîne par rapport à sa conviction. Sauf que la tendance des médias à vouloir séduire par le sensationnalisme pousse involontairement les électeurs vers l’hystérie [et donc vers la paranoïa et l’insécurité, ndlr] Je vous laisse en déduire les conséquences… En tout cas, l’hystérie collective et  le sensationnalisme dans les médias se nourrissent l’un de l’autre et incitent les partis politiques à se radicaliser. La radicalisation est donc une tendance générale.


B&M : Coluche disait « si le vote servait à quelque chose, ça ferait longtemps qu’on l’aurait interdit » le vote n’a t-il pas d’importance ?

T.G : Soit on est démocrate soit on ne l’est pas et dans ce cas on supprime le vote et on tombe dans la dictature. Moi je fais partie de ceux qui pensent que le vote est un devoir et doit être obligatoire pour tous ceux qui en on l’âge.

Avis de notre expert Bête & Méchant :

La question est délicate mais il ne faut pas être radical. La démocratie des grecques n’autorisait pas tout le monde à voter et en France, elle est antérieure au droit de vote des femmes (1945). Le vote n’est pas une question de sexe ou de couleur c’est une question de conviction. Le fait que les citoyens votent en masse sans aucune connaissance politique rend leurs opinions malléables, le vote perd alors de sa valeur et les conséquences peuvent être dangereuses. Voter doit être obligatoire dans la mesure où l’on peut justifier de son choix de manière réfléchit et personnel. C’est ça un devoir citoyen.


B&M : Le suffrage universel est-il efficace pour représenter la souveraineté populaire ?

T.G : En tout cas on n’a pas trouvé mieux…

Avis de notre expert Bête & Méchant :

Que tout le monde ait le droit de vote c'est démocratique mais encore faut-il déterminer la valeur de ce vote. Le vote blanc par exemple n'influence pas l’élection. Il faut redonner une place centrale aux citoyens. Dans la démocratie antique, les grecs se réunissait en assemblée, ils votaient les lois et les élus étaient choisis ou révoqués directement par les citoyens, il n’y avait pas d’organe représentatif intermédiaire. Ce système inspirera la Stochocratie un modèle électoral basée sur le tirage au sort pour éviter la corruption. Et la Suisse a instauré un système unique au monde de démocratie fédérale consocialtionnelle. Le pays étant constitué de nombreuses minorités, il a fallut chercher l’entente plutôt que l’affrontement. Le peuple a donc une place prépondérante dans le système politique, c’est lui qui accepte et votent les lois par référendum et il peut en exiger si au moins 100 000 Suisses le réclame. Si en France nous n’avons eu l’occasion de participer qu’à 9 référendums depuis 1848, les Suisses eux en ont réalisés 565!


B&M : La recette d’une démocratie idyllique ?

T.G : Elle n’existe pas. Mais on peut proposer des pistes d’améliorations. Comme interdire le cumule des mandats, rendre le vote obligatoire sous peine d’amende, recommencer les élections qui ont plus de 50% de votes blancs et remplacer le sénat à la proportionnelle intégrale. Histoire de représenter tous les partis afin qu’ils ne puissent pas plaider l’exclusion. Enfin, il faut exiger une transparence totale en ce qui concerne l’utilisation des fonds publics. Tout citoyen doit être informé de l’utilisation des finances publiques s’il en fait la demande. Malheureusement aujourd’hui, ces instituts prétextent toujours une raison à la con.

Avis de notre expert Bête & Méchant :

Ce serait un bon début mais je ne suis pas pour traquer les citoyens pour qu’ils aillent voter. Il faut éveiller la conscience politique des Français. Mis à l'écart et impuissant face aux décisions, l'électeur ne voit plus l’importance de son acquis démocratique. Il faut lui redonner espoir en la politique, en imposant une totale transparence des débats politiques par exemple. Lui donner la possibilité de participer à la vie de son pays en lui donnant le pouvoir de valider ou refuser les propositions de lois. Et lui permettre de destituer un élu ou de lui imposer une sanction en cas d’abus ou de manquement à sa fonction.

Interview mené par Xenora

Sources: 
http://www.lefigaro.fr/assets/promesses-hollande/Promesses-Francois-Hollande.html


dimanche 1 février 2015

Un nouveau vient de faire son entrée dans le club très fermé des rebelles de la légion d’honneur. Avec 92.000 membres et 400 décorés par an, la plus haute distinction Française se distingue mieux encore lorsqu’on la refuse. Pour en savoir plus sur la recherche des candidats et sur la pertinence de leurs sélections, nous avons rencontré Honoré Delpêche qui travaille au côté du grand chancelier de la Légion d’honneur depuis de nombreuses années.



B&M : Bonjour Honoré, pouvez-vous nous définir la fonction de la Légion d’honneur?

Honoré Delpêche : La légion d’honneur a été instaurée par Napoléon Ier. Elle récompense depuis deux siècles tous ceux qui œuvrent pour le rayonnement de la France.

B&M : Qui sont ses « mérites éminent »?

HD : Au départ c’était des politiques, des militaires, des entreprises du CAC40 et des écrivains. Mais comme ça faisait trop rigide on s’est dit que ce serait bien de rajouter du people : des présentateurs télé comme Jean Pierre Foucault, PPDA et Claire Chazal, des footballeurs comme Emannuel Petit, Barthez et Michel Blanc… euh Laurent Blanc j’ai fait la même erreur en 2012 du coup on a été obligé de lui donner. Et puis on a fini par rajouter des acteurs et des chanteurs. C’est là qu’on s’est rendu compte que la France rayonnait plus tellement, alors on a fait rentrer des coiffeurs, des architectes, des syndicats, des acteurs Hollywoodiens (Sean Connery), des écrivains étrangers (JK Rowling)…

B&M : A l’instar de Thomas Piketty les récalcitrants de la Légion sont-ils nombreux ?

HD : Qui ? Ah oui, je n’ai pas compris pourquoi il ne l'a pas voulu. Honnêtement je l’ai choisi parce que ce matin là je suis arrivé en retard au bureau. J’ai regardé l’actu, on parlait d’un économiste Français qui avait reçu un prix Nobel, pour moi c’était plié. J’ai appris par la suite qu’il avait écrit un truc sur la mauvaise redistribution de l’économie par les riches. Il a peut être cru qu’on se foutait de lui en lui remettant la plus haute distinction. Qui sait ?

B&M : Peut-on dire qu’en l’acceptant certains chevaliers ont déshonorés la Légion d’honneur ?

HD : Faudrait surtout qu’on commence par ne pas les choisir. Généralement, je fais une liste et quand y a des trous je demande à mes collègues de me donner le premier nom qui leur vient à l’esprit et on tranche au pile ou face. C’est pour ça qu’on tombe sur des trucs comme Mimi Mathy, j’aurai jamais cru que ça passerait ce coup là. Ils sont cons au bureau (rire). Mais y a eu d’autres nominations qui m’ont bien fait marrer. Chico des Gipsy King, Danny Boon, Alain Afflelou, Celine Dion, Arlette Gruss, Michou, Jacques Martin, Florent et Laure Manaudou (re-rire). Faut pas croire, c’était pas toujours facile de trouver. Parfois on était si peu inspiré qu’on prenait les Pages Jaunes, c’est une coutume ici. On a même un top des meilleurs trouvailles de l’annuaire. Pour le moment c’est le thème alcool qui a eu le plus de succès : Piccon, Picolet, Ricard, Pinault, Pinte, Rosé… mais j’avoue que Boucheporn et Lanusse sont de loin les plus drôles !

B&M : Comment choisissez vous les candidats étrangers ?

HD : On Shazam la radio. C’est plus simple, avant on devait acheter le Star Club mais ça faisait pas très pro au boulot. A la base on devait éviter les tubes étrangers puisque c’est une distinction française mais comme on faisait pas toujours notre cotât on n’a pas eu le choix. Je me rappelle que pour Bono c’était Daniel de la compta qui l’avait trouvé en regardant un épisode South Park. Moi j’ai trouvé Paul Mc Cartney, Yannick Noah et puis un jour Josette du secrétariat a voulu participer. Je savais que c’était pas une bonne idée! Elle a choisi Bob Dylan. Résultat des courses Papi Lepen a failli griller notre couverture en hurlant partout que c’était un scandale parce qu’il avait été pacifiste sur la guerre du Vietnam et qu’en plus il fumait de la Marijuana. Depuis, on l’a mis aux archives la Josette.

B&M : Combien sont-ils à avoir décliné ce privilège ?

HD : Un peu moins d’une trentaine mais j’échangerais bien ces trente là contre trente autres qui l’ont accepté. Sauf Geneviève de Fontenay, ça nous a soulagé qu’elle ne la prenne pas. A part elle, j’aurai bien échangé la petite Brigitte Bardot contre Bernadette Chirac, Pierre et Marie Curie contre Laure et Florent Manaudou ou encore Claude Money, Sartre, Sand, Maupassant, Brassens et Bourvil contre toute la clique des véreux qui nous ont trahis. Vous vous rendez compte que la famille Bettancourt (Ingrid, Liliane et André) ont tous reçu la Légion est aujourd’hui ils sont plus souvent au tribunal qu’une secte de pédophile récidiviste, Claude Guéant a détourné des fonds publics, Arnaud Lagardère fait rayonner son patriotisme en expatriant ses comptes en Belgique, Guillaume Sarkozy patron de Malakoff Médéric a tenté d’escroquer les petits vieux en leurs vendant des assurances privées, tandis que son frère Nicolas s'occupait de baisser leurs pensions et Gérard Depardieu n’est même plus Français.

B&M : Des propositions pour l’avenir ?

HD : Oui une seule, l’année prochaine on va faire pression pour investir dans un distributeur de médaille au moins on pourra pas nous accuser de la donner à n’importe qui.


Interview parodique mené par Debbie Lithé



http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/05/12/bob-dylan-une-legion-d-honneur-controversee_3175878_3246.html