jeudi 22 janvier 2015

par la Rédaction en    Pas de commentaire


« La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire(…). Mon devoir est de parler. »
Emile Zola, « Jaccuse » dans l’Aurore le 13 janvier 1898




En ce « Jour noir » (La Provence) « La France [est] Meurtrie » (La Croix), la France est « sous état de choc » (l’Opinion), « Face à la Barbarie » (les Echos). Par « Le massacre des insolents » (la Voix du Nord) de Charlie Hebdo c’est « La liberté [qui a été] assassinée » (Le Figaro). Pour les Français c’est une « déclaration de guerre ». Et je ne défendrais pas le contraire en plaidant la thèse paranoïaque ou complotiste. Effectivement, nous rentrons dans une guerre idéologique. Contre qui ? Les islamistes. Mais avant d’enfiler rangers, treillis et de lancer l’assaut sur toutes les mosquées de France demandons nous tous qui devons nous blâmer pour la tuerie du 7 janvier 2015.

Les islamistes ? Qui par la violence et l’intolérance ont su convaincre la partie fragile de notre jeunesse. La faute aux politiques ? Si nos jeunes sont aujourd’hui désorientés au point de se tourner vers des courants extrémistes. Est-il possible que la protection de nos marchés par la domination ait froissé les populations assujetties au point que celles-ci souhaitent la mort de notre pays ? Doit-on jeter la pierre sur la presse française qui s’est engraissée sur la désinformation pendant bien trop longtemps ? Si aujourd’hui toutes les rédactions affichent le slogan de solidarité « Je suis Charlie » elles sont toutes responsables d’avoir laissé s’installer la confusion entre l’islam et l’islamisme. Doit-on au contraire accuser les entreprises de mener des croisades à l’étranger au nom du capitalisme sauvage et d’avoir engendré la haine par l’injustice ? Ou plutôt s’attaquer aux marchés financiers qui depuis leurs existences prennent plaisir à décider du sort des pays qu’ils démunissent. Dow Jones, côte des firmes agroalimentaires, délaissement des marchés nationaux étrangers… l’enfermement de ces Etats dans leur condition d’entrepôt-pour-pays-riches n’a-t-elle pas participé au rejet de l’occident ? Ou tout simplement, doit-on se sentir coupable de s’être si peu impliquer dans la vie politique, d’avoir consentit à l’injustice et d’avoir alimenté la haine par notre silence. Notre individualisme nous a divisés et aujourd’hui nous osons clamer « liberté, égalité, fraternité ». Certes, « Non » (Sud Ouest) « Ils ne tueront pas la liberté » (Aujourd’hui) puisque nous en avons déjà troqué une bonne partie contre des biens de consommation superflus. La liberté ? C’est flatter son égo sur Facebook, étaler une pauvre culture médiatique sur Twitter et créer l’envie en acquérant au prix du SMIC, le dernier I Phone 6. Pour protéger cette liberté nous avons accepté de payer les fautes des banques au lieu de refuser leur diktat. Nous avons consenti à perdre notre pouvoir d’achat, à payer toujours plus d’impôts et de taxes pour des erreurs que nous n'avons pas commises. Nous avons accepté la délocalisation et les licenciements. Soyons honnêtes, qui se souciait de la liberté et du bien commun avant? Personne. Plus que jamais divisé nous en étions venue à détester les gays, les juifs, les voilés, les assistés, les pauvres, les immigrés… Il aura fallut que le sang soit versé pour que nous nous rappelions de notre humanité.

Laissons donc à cette poignée d’hommes courageux l’honneur d’être martyre. « Nous sommes tous Charlie » ne signifie pas que nous sommes tous victimes, mais plutôt que nous sommes tous coupable. Coupable d’avoir abandonné une partie de notre population, coupable d’avoir mené des politiques extérieurs injustes, coupable d’avoir généré cette haine par un commerce inique, coupable d’avoir laissé la confusion s’installer entre Français et terroristes, coupable d'avoir fait commerce de la peur et pour tout ceux qui n'ont pas agit, coupable d'avoir laissé faire. Aujourd’hui, nous devons aux douze victimes d’honorer leurs mémoires en faisant rentrer ce jour dans l’Histoire comme celui du changement. Soyons uni, solidaire, rejetons toutes politiques visant à nous différencier ou à nous faire peur et brandissons le slogan « Je suis Charlie » comme l’étendard démocratique. Arborons le fièrement dans notre doxa quotidienne comme une cocarde révolutionnaire et leurs morts n’auront pas étaient veines.

« Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. »
 Emile Zola, « Jaccuse » dans l’Aurore le 13 janvier 1898



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